À l'occasion de la publication début 2012 d'un roman et d'un recueil de contes, Enrica Sartori des éditions Noviny 44 - une maison d'édition indépendante créée en 2009 - m'a confié la refonte de l'identité visuelle. Elle a dans le même temps, commandé à Benoît une série de dessins pour le recueil de contes.
Ce fût une belle occasion de mettre en résonance la pratique de nos activités. Une stimulante façon de faire se compléter et s'enthousiasmer nos deux disciplines.
Noviny 44 : « Nous privilégions l'art et les textes, français et étrangers, purement littéraires : romans, contes, nouvelles, fables. Les textes proposés sont des inédits. Ils peuvent s'attacher à la singularité d'un style qui cherche à travailler la langue pour la réinventer (…)
Les textes sont à l'image de la créativité actuelle que nous qualifierons de « sans-prétention ». Les auteurs ne sont plus dans une démarche de la « grande œuvre ». Ils apportent leur regard sur notre époque et défrichent avec nous l'avenir de la littérature.
Un dessinateur répond, se nourrit de l'univers d'un auteur et en donne une forme plastique ou graphique ».
Pour la (grande) histoire : Noviny - « journal » en tchèque - est un hommage à un bulletin d’informations que s’échangeaient des jeunes du camp de Terezin près de Prague pendant la Seconde Guerre mondiale. Le dernier numéro a paru en 1944.
Pour ma part, la requête étant d'inscrire la nouvelle ligne dans un écho se référant aux formes inspirées des innovations constructivistes, j'ai orienté mes recherches vers un graphisme faisant la part belle à l'expérimentation typographique. Je suis partie d'une exploration tous azimuts à l'image des mouvements forts antérieurs (comme le mouvement Dada, le Futurisme).
J'ai progressivement calmé la dynamique des intentions visuelles pour revenir vers des critères de lisibilité.
J'ai pris pour base typographique un caratère Bodoni aux empattements légèrement revisités pour singulariser le logotype.
Nous avons convenu de celui-ci, déclinable en bichromie (noir + couleur Pantone).
Cette donnée visuelle posée, j'ai repris l'exploration d'un principe de ligne de collection - je l'avais assez vite envisagé en parallèle de mes recherches de logotype pour tester la viabilité des formes « phare » ou de l'esprit visuel alors supposés :
Aussi avec une orientation marquée pour un titre typo-image que j'ai abandonnée par la suite, (enfin plutôt, reconsidérée).
J'avais à l'esprit la nécessité de mettre en place un système se prêtant à de légères variations permettant d'installer les différentes collections sur la base d'une grille structurée. [Coll. : Conte / Roman / Reportage dessiné].
Mes recherches m'ont mené vers ce principe :
Avec pour la collection conte : le présence d'un dessin sur la couverture.
(j'ai posé dans un premier temps un croquis de recherches de Benoît).
Puis retour vers un esprit « typo-image » pour le titre / en résonance avec le logotype élaboré, et recherches de l'image à poser :
Entrer dans le vif du sujet, vers le vertige… de la table des matières… avec une matière texte dense - « neutre » de prime abord dans sa forme visuelle - à révéler, à faire exister au plus juste. Hiérarchiser… rythmer, organiser, caler en gabarits de pages…
Avancer à tâtons… sorties noir/blanc ponctuelles pour visualiser, maquetter encore à partir d'une matière papier, vers de multiples allers/retours « papier écran ».
Quel bonheur d'avoir le dessinateur juste à côté, à disposition pour juger ensemble de chaque page et optimiser l'harmonie du texte et du dessin…
…de la matière typographique et du trait / mélanger le froid et le chaud.
Davantage d'anges (on parle de sept anges…) ?
et la page se compose, s'annonce autrement.
Jouer aussi avec le corps du texte, lui donner plus d'importance en intro, en fin, lorsque l'espace s'y prête. Répercussion des blancs.
Et s'il y avait ici un cul de lampe avec un autre fruit dans le texte « habillé » ?
Et l'oiseau pour terminer… plutôt …
Oui, voilà !
Avec l'éditeur, on décide d'une bichromie et l'ensemble se hiérarchise encore davantage.
Placer un peu de typographies expressives ?
Têtes de chapitres et lettrines (L O A ! heureux hasard phonétique des lettrines… s'amuser des expressions parallèles, non préméditées).
Une autre tête de chapitres (d'autres lettrines…)
… à suivre !
Rendez-vous demain jeudi 16 février à la librairie du Merle moqueur*.
Pascale Evrard et Benoît Debecker.
(*19h00 > 21h00 : voir image d'ouverture de l'article).