Le précédent festival avait mis à l'honneur les productions typographiques des étudiants de quatrième année (voir : éphéméride du 2 juin 2015).
Le premier temps de cet atelier-workshop proposé par Géraldine Lavillaugouet [scénographe-plasticienne du festival du mot] auquel j'ai été associée fût consacré à la mise en œuvre de structures, des pièces de bois…
…élaborées selon un principe d'assemblages et de compositions.
La consigne étant que ces pièces soient uniquement composées de bois de récupération (collectés par les étudiants)…
…habillées, ajourées selon l'inspiration, de tissages de couleurs (bobines de fils caoutchouc fournies par le festival)…et quelles soient transportables.
Géraldine (ci-dessus avec quelques étudiantes dans l'atelier préparatoire de l'Académie et son matériel "de pointe(s)" menera parallèlement d'autres actions du même type avec des élèves du CME (Centre Médico-Éducatif) de La Charité.
L'ensemble des pièces réalisées…
à partir des matériaux collectés, recyclés…
…portera le principe esthétique de la signalétique imaginée par Géraldine pour ce onzième festival.
Cette matière "puzzle" en attente de nouvelles compositions deviendra dans un second temps, support de mots et de messages.
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Lundi 23 mai
Le festival est tout proche… le second temps du workshop commence.
Cinq étudiants (les plus motivés et disponibles) ont été sélectionnés pour y prendre part active. Ils arriveront par les rails.
De mon côté, balais constants d'essuie-glace depuis le départ… j'arrive par la route.
Avec Géraldine et Erwan (de l'équipe du festival) et dans une ambiance extra-scolaire, dépaysante et agréable, nous accueillons les étudiants en gare de la Charité.
Daphné, Éliane, Loris, Mickaël et Vincent sont au rendez-vous.
Il pleut des trombes sans cesse depuis ce matin… Travailler dehors est inenvisageable.
Après une brève visite du "Château" (leur /et mon/ lieu d'hébergement pour trois nuits) et dépôt des bagages, nous rejoignons le centre ville et le prieuré.
Nous élisons atelier dans une pièce en travaux à l'étage au dessus des bureaux du festival, modifiant l'angle d'attaque (ce qui s'avèrera être une bonne chose).
"faisant feu" de tout ce qui se présente pour installer des espaces de travail.
Le temps est court et nous avons pour mission d'habiller de mots peints toutes les pièces qui ont été élaborées…
Certains panneaux préparés par Géraldine et Patrick (un bénévole très actif au sein du festival) comportent déjà des inscriptions en 'Myriad Bold Condensed', la typographie choisie par le festival pour les reports en lettres adhésives.
Par esprit d'association et recherche de complémentarité, j'avais proposé à Géraldine de travailler avec les étudiants autour de la typographie "Nueva STD [Bold Condensed]". Ce caractère leur servirait de modèle.
Une base italique en bas de casse, entre dessin structuré et élan manuscrit, pour favoriser la composition et l'exécution des lettres à peindre à la main sur les structures.
La réflexion est ludique, timide au départ… et puis très vite les étudiants se prennent au jeu, un silence (parlant) règne à l'étage.
Des mots… listés, pratiques, pragmatiques… aux envolées poétiques. Ce sera selon chacun, selon l'inspiration du support, l'espace proposé… mots courts ou longs, accordés, combinés, désarticulés, colorés… [Ne pas oublier l'accent sur Sempé, le dessinateur qui est à l'honneur cette année dans la salle XVIIIè].
Je découvre avec soulagement les effets et répercussions d'un "au delà du pré-pensé"… Une des joies de ces temps d'intensité, qu'augure le principe même d'un workshop, s'opère à nouveau. Les actions du moment qui décident du temps suivant (là où la trame, cependant, reste précieuse, enrichie d'un développement spontané, léger et porteur).
N'en fût-il de même, cet hiver lors du premier temps à l'école ? Surtout pour Géraldine, qui, il faut bien le dire, nous emmenait vers un projet pour le moins sportif et audacieux…(elle avait d'ailleurs — au départ de l'"exercice" chargé sa voiture d'une collecte de bois déjà bien engagée… redoutant sans doute le manque de matériel pour débuter l'atelier… Il faut par ailleurs aussi saluer en passant les quelques étudiant(e)s qui se sont vraiment donné la peine de respecter cette requête essentielle pour le bon déroulement du projet (car pas de matériel… pas d'activité!).
Face aux préparatifs et interrogations concernant l'hypothétique bon déroulement de cette seconde opération, j'avais également imaginé qu'un kit d'alphabet pochoir (de type Stencil) ne serait pas malvenu… histoire aussi d'apporter une variation typographique supplémentaire… et un peu de souplesse pour nos lettreurs en herbe.
Les pièces terminées sont entreposées au fur et à mesure dans une pièce voisine (également en rénovation). Le projet prend forme !
J 2 / Mardi 24 mai
Vue depuis ma chambre au château… matin brumeux…
- "OUF !" le temps semble se rétablir…
Un trio d'étudiants s'applique aux dernières retouches.
Nous descendons toutes les pièces dans l'enceinte du prieuré.
Elles ont fière allure dans cet environnement patrimonial.
(certes, une esthétique éphémère de cacophonie transitoire… mais cela me plait bien).
Puis, nous déposons les pièces à même la pelouse du jardin des Bénédictins pour avoir une vision globale qui nous permette de réfléchir collectivement aux compositions qui seront installées ensuite à la verticale (autour d'un arbre). On tergiverse pas mal, cherchant un équilibre, tant dans la narration qu'en composition pure, on place, déplace, replace… il fait chaud…
À l'arrière plan (dans l'ombre), Loris et Mickaël avec l'aide précieuse de Yves (un autre bénévole du festival qui s'y entend en menuiserie) dressent autour du tronc une armature de tasseaux qui servira de support pour la fixation des pièces, et cela, sans nuire à l'écorce "de l'arbre porteur".
Les compositions arrêtées, l'installation peut commencer !
Dire que des étapes successives — d'assemblages en compositions, de matériaux et de mots, qui ont ponctué les deux temps du workshop — les pièces du "puzzle" ou "totem" se sont densifiées pour n'en presque plus faire qu'une !
L'ensemble se verra réparti au nombre de quatre pièces, les deux plus importantes habillant l'arbre, et les deux autres, posées en déambulation le long du chemin qui entoure le jardin des Bénédictins.
Jour J : mercredi 25 mai.
(Le soleil et la chaleur sont toujours au rendez-vous, l'aubaine si l'on songe à la météo du premier jour…).
Le processus ultime touche à sa fin, le projet existe.
À coups de renforts de dernière heure : dernières fixations et…
… derniers mots !
Surtout, le mot de la fin !
Celui peint par Christian Souverain [le peintre en lettres officiel du festival du mot, à qui on doit notamment toutes les citations qui donnent la parole aux murs la ville [voir éphémérides du 30 mai 2012 - 17 juin 2013]
J'avais émis le souhait qu'il soit de l'aventure… et il est passé nous voir ! fier de pouvoir nous parler de son métier et heureux de l'intérêt porté par les "jeunes !" étudiants.
"Rencontre" est le mot choisi pour la démonstration.
Puis Loris se porte volontaire pour faire l'apprenti,
… À commencer par la technique de "la ficelle"…
(c'est déjà tout un art de parvenir à poser sur le support une ligne de craie bien horizontale qui servira de guide pour l'inscription du mot).
il peindra le mot "vie".
La boucle est bouclée… et fort des conseils professionnels (et de la démonstration) de Christian Souverain, je comprends, j'entends… comme tout serait à refaire… autrement, en mieux encore… la prochaine fois…
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[À l'arrière plan sur la droite, la troupe des comédiens du festival, en répétition.
Hé oui, nous n'étions pas les seuls à œuvrer activement pour le festival.
Aux pauses et repas, les étudiants en Arts Plastiques et les étudiants en Art Dramatique ont eu un peu de temps pour se rencontrer].
Le soir du lancement,
après les discours toujours aussi "détonnants" (enfin, je veux dire : dignes du festival du …mot !), nous trinquons et posons fièrement devant le travail réalisé.
Ensuite : dîner puis spectacle, Arsène Folazur donne le ton !
Jeudi 26 mai
Les étudiants sont venus au petit déj'. des mots !!!
(Je leur en avais certes parlé avec appétit, mais après ces trois journées intenses, je n'aurai pas imaginé leur présence si matinale.
À la sortie du Cellier, Jeanne, Marie et Jérémy (les jeunes comédiens) sont ravis. Ainsi, les uns, les autres, auront pu se rendre compte du travail de chacun.
(croquis réalisés le dernier matin dans le cellier)
Daphné, Éliane, Loris, Mickaël et Vincent prennent le train retour dans l'après-midi. Les "au revoir" sont à l'image de l'expérience et des partages, forts et chaleureux.
Je me suis installée au camping de la Saulaie situé au bord de la Loire (c'est la vue depuis mon emplacement) à deux pas de la ville (sur l'autre rive).
Me voici… "en vacances" !
Je vais pouvoir profiter pleinement du festival… et me remettre de mes émotions.
Et puis vous écrire quelques mots… en (et au) retour.